dimanche 27 novembre 2011

Tout, vous saurez (presque) tout sur l'Europe à Bruxelles

Au cours des trois dernières semaines, nous avons voulu vous faire découvrir l'Europe au cœur de Bruxelles ou comment les institutions européennes influençaient notre capitale. Formation pour les fonctionnaires communaux, influence sur les prix des marchés, immobilier, médias, élections communales, nous avons essayé de faire le tour de la question mais bien des choses sont encore à explorer. Une chose est cependant certaine : l'impact des institution européens est bien réel. Aménagement urbain, écoles européennes, sécurité, propreté, fiscalité, financement, tout y passe. Voici donc un éventail (non exhaustif) des modifications engrangées par la présence de l'Europe sur le quotidien des Bruxellois.


Chaque jour, la ville de Bruxelles, capitale de la Belgique et capitale de l'Europe, est agitée par des évènements, aussi petits soient-ils, qui se rapportent de près ou de loin aux activités des institutions présente dans notre capitale depuis plus de cinquante ans déjà. Nous allons passer en revue différents volets sur lesquels des changements significatifs ont pu être observés : aménagement urbain, sécurité, propreté et financement de la ville. Ce dernier volet ne va d'ailleurs pas sans poser certains problèmes. Explications.

Des bureaux flambant neufs

De nombreuses personnes circulent
dans et autour des institutions euro-
péennes (© L'e-ris)
La première grande modification, que l'on peut aisément observer en tant que citoyen lambda, se situe au niveau de l'aménagement urbain. Bureaux et bâtiments divers ont fait l'objet d'un coup de fraîcheur voire même d'une reconstruction complète. Mais il s'agit, ici, de ne pas se tromper : « On a mis en place une véritable politique en matière de réaménagement de bureaux. A contrario, rien n'est prévu en matière d'habitation : on n'a pas créé de nouveaux quartiers ni réaménagé d'anciens bâtiments pour loger tous les eurocrates présents à Bruxelles, insiste Bety Waknine, responsable de la cellule de réaménagement du territoire au cabinet de Charles Picqué. Les Européens s'installent principalement dans le sud de Bruxelles et on n'est pas chargé de leur construire de nouveaux habitats. Ils vont généralement chez des particulier», précise-t-elle.

En ce qui concerne les bureaux, il a fallu trouver de la place pour toutes les institutions et leurs employés. Et mine de rien, au fil de années, pas moins de 3,3 millions de mètres carrés, soit près de 30 % de l'occupation totale des bureaux de la capitale, ont été aménagés. « C'est une politique à long terme. On a réaménagé les quartiers européens au fur et à mesure pour qu'ils restent vivables pour tous. On continue toujours aujourd'hui avec différents projets pour évoluer avec l'Europe », continue Bety Waknine. 


Car l'entrée de nouveaux pays membres change clairement la donne. Bruxelles doit donc renouveler en permanence l'accueil et les disponibilités, en matière de surface de bureaux principalement. Avec l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007, le nombre de pays membres de l'Union européenne est passé à vingt-sept. Avec pour conséquence directe un nouvel arrivage à Bruxelles de fonctionnaires et d'organismes représentant leurs pays respectifs. On comprend aisément qu'il leur faut aussi un endroit où travailler. La ville de Bruxelles y travaille donc activement. « Le projet Delta vise à créer une toute nouvelle zone d'institutions à Delta. Avec les nouveaux pays membres et leurs fonctionnaires, ils finissent par être un peu à l'étroit », nous confie Bety Waknine avec amusement.

Une sécurité renforcée


On ne peut ignorer que les quartiers européens brassent un grand nombre d'individus, de voitures, de bus et autres transports. Il suffit de se promener place du Luxembourg pour s'en rendre compte. Cela grouille, comme dans une fourmilière. Et à côté de cette activité normale de travail, il faut rajouter toutes les nombreuses manifestations à l'attention de l'Europe dont Bruxelles devient le théâtre. La mise en place d'un dispositif particulier ne peut donc être évité.
Les policiers veillent (© dhnet.be)
De nombreux policiers sont déployés lors des sommets et des euro-manifestations et leur mobilisation est visible par tous. Mais ce que l'on remarque peut-être moins, ce sont les équipes qui patrouillent régulièrement dans ces quartiers. Ce sont des mesures récentes,  « que l'Europe a demandé. Elle veut que l'on assure une plus grande protection. Donc, par la force des choses, on a augmenté les patrouilles. Mais il faut savoir que les institutions européennes ont leur propre personnel de sécurité, qui gère certains domaines propres et qui collaborent pleinement avec la police locale », précise Bety Waknine.

« Améliorer l'image de Bruxelles »

En matière de propreté, il semblerait que la ville de Bruxelles n'ait pas mis en place une politique particulière. Le service de propreté de la ville reconnait, à demi-mot, que la place du Luxembourg et ses alentours bénéficient peut-être d'un service plus rapide puisqu'il s'agit « du miroir de la Belgique aux yeux de l'Europe », nous dit-on. Mais Bety Waknine nuance quelque peu ces propos : « Peut-être que la place du Luxembourg est plus vite débarrassée de ses déchets, néanmoins, nous n'avons pas véritablement prévu de services spéciaux pour s'en occuper. Maintenant, soyons d'accord, on a tous envie d'améliorer l'image de Bruxelles aux yeux de tous mais je ne suis pas intiment persuadée que cela soit dû uniquement aux institutions ».

Le budget, un sujet qui fâche

Qui finance les institutions à Bruxelles?
(© unef.fr)
L'Europe a de nombreuses exigences pour la ville qui abrite ses institutions. Et, soyons clair, de la sécurité à l'aménagement urbain en passant par l'accueil des eurocrates, tout est financé... par Bruxelles ! « L'Europe se base sur son protocole de privilèges établis il y a cinquante ans pour ne pas financer Bruxelles. Elle estime qu'elle n'a pas à le faire au vu des retombées économiques que ses institutions génèrent dans notre ville », nous explique Bety Waknine


Des retombées économiques qu'il ne faut, certes, pas négliger. Car il est vrai que les institutions, et leurs employés surtout, génèrent beaucoup d'argent. Environ quatre milliards d'euros tomberaient dans les caisses de la ville grâce au tourisme. 28.000 emplois sont également générés par les institutions : commerces, services de restauration, pharmacies... Beaucoup vivement uniquement parce qu'ils sont placés à proximité des institutions, et fréquentés par fonctionnaires au budget plus important que la moyenne bruxelloise. « Evidemment que l'Europe a des implications positives sur nous. Il ne faut surtout pas oublier toutes les retombées financières visibles et moins visibles. La présence de l'Europe ajoute une plus value à notre capitale, c'est indéniable », s'exclame Bety Waknine.

Néanmoins, une partie du budget de Bruxelles est exclusivement consacré à financer l'Europe chez nous. Et lorsque l'on sait ce que coûte un sommet européen, ne serait-ce qu'en matière de mobilisation policière - 120.000 à 800.000 euros, rappelons-le ! - mais aussi et surtout lorsque l'on prend conscience de tout ce que la ville a déjà réaménagé en matière de surface de bureaux, il y a de quoi être interloqué. Et Bruxelles tente de faire évoluer les mentalités, ce qui ne semble pas toujours facile. « Pour l'instant, ce que l'on demande à l'Europe c'est d'agir et de financer tout ce qui concerne l'aménagement de ses bureaux. Elle devrait agir comme le fait un investisseur en bureaux : payer ses bâtiments et ses constructions. Bien entendu, il s'agirait d'une vente entre autorités publiques, ce qui diffère d'une vente entre particuliers, vous vous en doutez. On espère vraiment arriver à ce genre d'accord », conclut Bety Waknine.

Sophie Notte

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